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538 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

de la soupe, pour préparer les possons[1] du bétail, etc. La substance des Patates qui demeure au fond du vase, se met dans des tamis plus ou moins serrés, pour s’y égoutter pendant 24 heures. On substitue ensuite au tamis un sac de toile forte, qu’on décharge d’un poids pour achever d’égoutter l’eau.

» Après ces préparations, il reste une espèce de pâte. On fait le levain à l’ordinaire avec la farine de Froment ou de Seigle. On ajoute la portion de Patates qu’on veut mélanger, on laisse fermenter ou lever le tout, et on suit, pour le reste, l’usage accoutumé pour faire du pain.

» On peut mettre jusqu’à parties égales de Patates avec le Froment et le Seigle ; mais le pain est meilleur lorsqu’on n’employe qu’une partie de Patates sur deux parties de Seigle et surtout de Froment. M. Faiguet de Villeneuve, qui n’a perdu de vue aucune des épargnes qu’on peut faire en cultivant ces racines, a éprouvé que la pâte dont on vient de parler, étoit une espèce de purée qu’on pouvoit employer dans la soupe. Elle est certainement beaucoup moins chère que la purée de Pois ou de Fèves ».

Voici maintenant ce qu’on peut lire au Chapitre IV (Livre IX) du 2e Volume des Éléments d’Agriculture dont la 1re Édition a été publiée par Duhamel du Monceau, en 1762.

« DES RACINES QU’ON CULTIVE POUR LA NOURRITURE DU BÉTAIL

» Art. l. De la Pomme de terre que quelques-uns nomment improprement Patate ou Truffe rouge (Solanum tuberosum esculentum de G. Bauhin), en anglais Potatoes.

» Cette plante pousse plusieurs tiges de deux ou trois pieds de hauteur, grosses comme le doigt, anguleuses, un peu velues ; elles panchent de côté et d’autre, et se divisent en plusieurs rameaux qui partent des aisselles des feuilles qui sont conjuguées et composées de plusieurs folioles d’inégale grandeur : à l’extrémité de ces rameaux, qui est d’un vert terne, il sort des aisselles des feuilles qui y sont placées, des bouquets de fleurs formées d’un calice qui est divisé en cinq parties, d’une pétale qui représente une étoile de couleur gris de lin ; les étamines jaunes et rassemblées au cen-


  1. — « On nomme Posson, dans quelques cantons, l’eau chargée de son, de navels, etc., dont on se sert pour rafraîchir ou pour engraisser le bétail. On en a formé le verbe Possoner. »