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SON INTRODUCTION EN FRANCE 129

que beaucoup de gens l’aiment par passion. Je mets à part si c’est affection bien placée, ou dépravation de goût ; il a ses partisans, cela me suffit.

» Il y a deux espèces de truffes, qui ne diffèrent l’une de l’autre que par la couleur extérieure, l’une étant rouge et l’autre blanche tirant sur le jaune : cette dernière est préférée, ayant moins d’âcreté que la première[1].

» La plante qui la produit, fait une quantité de racines ligneuses, blanches et menues, garnie de beaucoup de chevelu : le fruit[2] naît entre deux terres, et tient aux racines par une espèce de pédicule, au nombre de vingt ou trente, les uns plus gros, les autres plus petits ; ce fruit est d’une forme allongée, arrondie aux deux extrémités, inégale, ayant des espèces d’yeux enfoncés tout autour, qui sont autant de germes de la plante, de la longueur de 3 à 4 pouces, sur 18 lignes environ[3] de grosseur diamétrale : il est revêtu d’une pellicule qui se lève aisément quand il est cuit : sa chair est blanche et ferme, un peu aqueuse, sans aucune odeur. La plante pousse plusieurs branches à-la-fois, qui sont dures et ligneuses, presque triangulaires, de couleur en partie verte et en partie rougeâtre, garnie de feuilles et de petits rameaux dans toute son étendue : ces feuilles sont disposées de la même manière que celles du Rosier, et de grandeur approchante, d’un vert terne, velues aux sommités des tiges : il sort des aisselles des feuilles quelques bouquets de fleurs portées sur une queue assez longue : ces fleurs sont d’une seule pièce, découpées en étoile, de couleur gris de lin, avec quelques étamines jaunes dans le centre, dont les pointes se réunissent et forment une espèce de quille ; elles sont portées sur un embryon qui se trouve au fond du calice, lequel se change en un fruit rond, de la grosseur d’une petite noix, qui est d’abord vert, et qui jaunit en mûrissant. Ce fruit est charnu, et renferme une grande quantité de petites graines, par lesquelles la plante se multiplieroit au besoin ; mais on ne s’en sert pas.


  1. — C’est la première fois qu’il est question d’une variété jaunâtre, comme celle d’Angleterre.
  2. — L’auteur, par fruits entend ici parler du tubercule.
  3. — C’est-à-dire que le tubercule avait alors dix centimètres de long sur quatre de large, ce qui prouve qu’il avait déjà beaucoup augmenté de volume, depuis son arrivée en Europe.