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94 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

Il convient ici de donner quelques explications au sujet de ce que nous venons de traduire de l’Histoire des plantes rares de Charles de l’Escluse. Quand on parcourt cet ouvrage remarquable, qui ne contient pas moins de 1135 gravures sur bois, on peut y suivre pour ainsi dire l’existence de son auteur pas à pas et connaître le grand nombre de ses amis ou correspondants qui lui envoyaient des plantes de tous les points de l’Europe. C’est ainsi que nous apprenons que Jacob Garet le jeune était un pharmacien belge, et que son ami Jean Hogheland résidait à Leyde. Il nous fait connaître aussi qu’il était arrivé à Vienne en Août 1573, et qu’il avait quitté cette ville vers la fin de l’été de 1588, pour se rendre à Francfort-sur-le-Mein où il resta jusqu’aux derniers jours de Septembre 1593 ; il était appelé alors à Leyde pour professer la botanique dans l’Université de cette ville. Il a dû par suite cultiver la Pomme de terre à Vienne, pendant l’année 1588, et ensuite à Francfort, de 1589 à 1593. Il faisait cette culture, avec celle d’autres plantes, dans un jardin particulier, dont il pouvait disposer librement, dans chacune de ces deux villes. Il dit, en effet, à propos de la Fritillaire impériale : « Elle a poussé, à Vienne, dans mon petit jardin (in meo hortulo) », et d’un Narcisse : « Je l’ai observé en fleur, in hortulo meo ». Il ajoute même, en donnant la description d’un Allium : « Lorsque j’eus quitté Vienne, j’en trouvais quelques pieds aux environs de Francfort et je les transportais dans mon petit jardin (in meum hortulum) ». Cette culture lui a permis de récolter assez de tubercules de Pommes de terre pour les distribuer surtout en Allemagne, de tous les côtés, puisqu’il déclare lui-même que « cette plante est assez commune dans la plupart des jardins[1] de l’Allemagne, tant elle est féconde ! ». Du reste, cette culture des plantes qui l’intéressaient plus particulièrement, se trouve en quelque sorte confirmée, dans une de ses lettres à Mourentorff, successeur du célèbre Plantin, son éditeur, et conservée au Musée Plantin, à Anvers. « Pour ce que j’ay en ceste année (1592),

  1. — Par ce terme de jardins (Hortus), il ne faut peut-être entendre que les jardins des Herboristes (Pharmaciens ou Droguistes de l’époque), qui existaient dans les grandes villes. Ces jardins étaient alors généralement consacrés à la culture des plantes médicinales, et en même temps à celle des végétaux nouveaux, rares ou intéressants à divers titres. Les échanges de plantes entre les possesseurs de ces jardins étaient fréquents.