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Clémence Royer

contenants un nom dérivé de leur contenu, aux lieux, celui de la chose qui s’y fait ou à laquelle ils servent. On dit ainsi l’étude pour la salle d’étude. De même emploie-t-on scolaire pour ce qui appartient aux écoles, à l’école, aussi bien que pour ce qui concerne l’étude, la science, la didactique ou la pédagogie, pour tout enseignement enfin, soit reçu, soit donnée. Scolaire peut donc se dire de ce qui appartient soit à l’école, soit à l’étude, c’est-à-dire de ce qu’on enseigne dans l’école, de la science enfin, cause finale de toute école, en prenant ce dernier terme dans une acception large, en le prenant dans le sens général d’enseignement.

Mon titre signifie donc bien ce que j’ai voulu lui faire indiquer, c’est-à-dire une coordination des études, une recomposition des parties de l’enseignement, une synthèse, répétons le mot, de l’ensemble des éléments reçus dans l’école, adoptés par les savants, enseignés dans les chaires académiques. C’est une des richesses de toute langue que deux ou plusieurs mots assemblés prennent un sens différent, ou plus large ou plus étroit que celui que chacun d’eux aurait eu isolément. C’est à cela même que le français, entre tous les idiomes modernes, doit sa flexibilité et sa précision particulières, qui, avec un vocabulaire restreint, lui permettent d’exprimer les nuances les plus délicates des idées. Si, prenant en considération les scrupules de mon critique, j’avais dû définir, expliquer, traduire la pensée de mon titre dans le patois des savants, j’aurais été obligée d’écrire en tête de mon programme cette longue phrase à l’allemande qui traîne péniblement après soi ses cinq régimes enchaînés : cours de réduction à l’unité de la diversité des notions acquises dans l’école. Aurait-elle été bien reçue du public, mieux comprise que ces deux simples mots : synthèse scolaire, harmonieux entre eux comme tous ceux qui proviennent d’une même source philologique ? n’étaient-ils pas d’ailleurs suffisamment expliqués par le sous-titre : philosophie générale élémentaire ? Pour aimer la science, il faut d’abord la connaître dans ses parties et la considérer ensuite dans son ensemble, dans son unité synthétique : c’est pourquoi tout cours de philosophie ne peut qu’être un cours de synthèse de la science, et cet amour de la science et de la sagesse qui constitue l’essence de toute philosophie étant ou devant être le but de toutes les études et leur couronnement, toute synthèse de la science en est la philosophie.