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philosophe et femme de sciences

fort inégales, entièrement différentes, antithétiques même ; elle se divise enfin entre la science du monde et celle de Dieu, la cosmologie et la théologie.

Le monde ou le kosmos est, selon le sens que les Grecs donnaient à ce terme, l’ensemble harmonieux des choses ; et ici on peut juger de la beauté de cette langue grecque, dont j’ai médit tout à l’heure, et qui sous un seul mot, doux à prononcer, pouvait contenir tant d’idées, et surtout l’idée de cette suprême beauté, de cet ordre calme que partout on respire dans cette admirable civilisation hellénique dont j’aurai du plaisir à vous entretenir un jour.

Le monde, le kosmos, se montre et s’étudie sous deux aspects différents. C’est d’abord le monde intelligible, le monde de l’être en soi, du noumène, pour parler le langage de la philosophie allemande. La cosmologie intelligible, c’est la philosophie de l’esprit ou philosophie proprement dite. Elle comprend la métaphysique, c’est-à-dire la science des principes supérieurs des choses et la psychologie ou science de l’âme, science de l’être pensant.

La métaphysique, pour moi, non pour tous, comprend les mathématiques, c’est-à-dire les lois des nombres et de l’espace, et l’ontologie ou science de l’être. L’ontologie nous donne la matière, l’essence intérieure des objets dont les mathématiques nous donnent la forme et les rapports. Ainsi considérée, la métaphysique renferme une physique pure qui servira de fondement à la physique proprement dite, ou physique expérimentale dont nous aurons à nous occuper dans le monde considéré comme sensible et phénoménal.

La psychologie comprend l’esthétique ou science de la sensibilité, de la sensation du sentiment ; la logique ou science des lois de la raison et de l’intelligence ; et l’éthique ou science des lois de la volonté et de la liberté, c’est-à-dire la morale proprement dite dont une des branches subordonnées est le droit et la politique.

Le monde sensible ou kosmos phénoménal est l’objet de la cosmologie proprement dite, qu’on appelle aussi philosophie de la nature. C’est l’équivalent rationnel des cosmogonies des anciens. La cosmologie phénoménale embrasse d’abord la physique et tous ses développements dans lesquels nous ne pourrons entrer que d’une façon générale et toute synthétique ; ensuite