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LE MANOIR BOUCHER DE NIVERVILLE AUX TROIS-RIVIÈRES



C ETTE belle vieille maison fut construite vers 1756 par François Chastelain, officier dans les troupes du détachement de la marine. M. Chastelain, qui était le fils d’un procureur au Châtelet de Paris, décéda aux Trois-Rivières, le 29 avril 1751.

De son second mariage avec Marguerite Cardin, il eut plusieurs enfants dont la plupart moururent en bas âge. Sa fille Marie-Josette devint, le 5 octobre 1757, la femme de Joseph Boucher de Niverville. C’est par cette union que la maison de François Chastelain passa dans la famille Boucher de Niverville qui en fit son manoir.

Un siècle plus tard, la maison fut acquise par M. Narcisse Martel avocat, qui la légua à son neveu, M. Paul Martel, avocat, qui y réside actuellement.

Autrefois le manoir Boucher de Niverville était entouré de vastes pelouses que les nécessités de la construction dans une ville grandissante ont fait disparaître. Dans l’Histoire du monastère des Ursulines des Trois-Rivières, se trouve un souvenir intéressant au sujet du vieux manoir si bien conservé des Boucher de Niverville. La scène se passe dans la première partie du dix-neuvième siècle :

« Sous les pins, sur la place de l’église, et sur la rue Bonaventure, dans un immense jardin qui entoure le manoir seigneurial du fief Niverville, on pouvait voir à certaine époque de l’année, à travers la verdure, une multitude de petites tentes blanches : c’étaient les camps des descendants de quatre grandes races sauvages qui venaient recevoir du brave chevalier de Niverville « le Prêt » ou les secours que le gouvernement leur accordait. Ces enfants des bois : Têtes de Boule du St-Maurice ; Algonquins et Abénaquis de St-François-du-Lac ; Iroquois de St-Régis, profitaient de ces jours pour échanger leur pacotille de paniers, de raquettes, de rassades et pour faire la traite de leur pelleterie ; ceux-ci pour conclure un engagement avec les bourgeois de la Baie d’Hudson, ceux-là pour vendre leurs canots d’écorce »[1].

  1. Notes de M. E.-Z. Massicotte.