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LE CHÂTEAU BIGOT À CHARLESBOURG



L E château Bigot, à Charlesbourg, a été créé de toutes pièces par l’imagination populaire. Les romanciers Marmette et Kirby ont amplifié la légende et la plupart de ceux qui ont lu l’Intendant Bigot de Marmette et le Chien d’or de Kirby sont convaincus que l’infâme Bigot avait choisi ce coin isolé de la montagne de Charlesbourg pour y commettre ses crimes. Bigot n’a peut-être jamais mis les pieds dans ce prétendu château. En tout cas, il est absolument certain qu’il n’a jamais été propriétaire ni même locataire du château qui porte son nom et du terrain qui l’entoure. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les titres de la propriété en question pour s’en convaincre.

Le château Bigot se trouve dans les limites de la paroisse de Charlesbourg qui fait partie de l’ancienne seigneurie de Notre-Dame-des-Anges concédée aux Pères Jésuites par le duc de Ventadour le 10 mars 1626.

Le 28 avril 1659, le Père Ragueneau, en sa qualité de procureur des Pères Jésuites, concédait à Françoise Duquet, femme de Jean Madry, sept arpents et demi de terre de front sur quatre lieues de profondeur dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges. Cette concession était faite à titre d’arrière-fief.

Jean Madry se noya en se rendant aux Trois-Rivières, le 26 juillet 1669. Françoise Duquet se remaria un an plus tard, le 14 septembre 1670, avec Olivier Morel de la Durantaye, capitaine au régiment de Carignan.

Le 29 octobre 1672, l’intendant Talon accordait à M. Morel de la Durantaye une seigneurie de deux lieues de front sur autant de profondeur. C’est la seigneurie de la Durantaye. Le 15 juillet 1674, M. Morel de la Durantaye recevait une autre seigneurie de trois lieues de front sur deux lieues de profondeur. C’est la seigneurie de Kamouraska. M. Morel de la Durantaye s’occupa de coloniser ses deux seigneuries et ne fit jamais de culture sur l’arrière-fief de sa femme dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges. Aussi lorsque le 28 octobre 1718, Françoise Duquet, veuve pour la seconde fois, vendit son arrière-fief de Grandpré à Guillaume Gaillard, il n’y avait encore aucune maison d’érigée dessus.