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LA MAISON MONTCALM, RUE SAINT-LOUIS, À QUÉBEC



M ONTCALM est-il mort dans la petite maison qui fait le coin des rues Saint-Louis et des Jardins, à Québec, ainsi que l’affirme le Guide to the City of Quebec, de Carrel, et maintes autres publications ?

Il n’y a aucune preuve écrite que Montcalm soit mort dans cette maison et la tradition populaire, qui associe le grand soldat à ce coin du vieux Québec, ne remonte pas à plus d’un siècle.

Tout de même, la fausse maison Montcalm de la rue Saint-Louis a un passé intéressant qui vaut la peine d’être mis en lumière. Avec le Kent House, situé à quelques pas, de l’autre côté de la rue Saint-Louis, elle est un témoin des temps héroïques de Québec.

La maison Montcalm d’aujourd’hui comprend deux corps de logis distincts et contigus. Disons tout de suite que le corps de logis du côté ouest est une construction moderne qui n’a aucun caractère historique. Seule, la petite maison du coin remonte au régime français.

L’emplacement sur lequel s’élèvent la maison Montcalm et sa voisine appartenait aux Dames Ursulines de Québec. Il fut concédé, le 30 novembre 1674, au nommé François Jacquet dit Langevin, couvreur d’ardoises. L’acte de concession lui donne quarante-six pieds de front sur quarante-cinq pieds de profondeur.

Jacquet n’eut pas le temps ou les moyens de se bâtir une maison sur son emplacement et il le donna à la fille aînée de Pierre Ménage, charpentier, qui résidait à la rivière Saint-Charles. Sur le terrain donné à sa fille, Ménage construisit, en 1677, une maison en pierre, à un étage, de vingt-cinq pieds de longueur sur trente de largeur. La maison Montcalm aurait donc exactement 250 ans d’existence.

On a prétendu qu’en 1759 la maison en question était la propriété du chirurgien Arnoux et que, le 13 septembre 1759, Montcalm mourant, y fut transporté. Arnoux n’a jamais possédé la maison du coin des rues Saint-Louis et des Jardins. Nous n’avons pas, non plus, une seule preuve écrite qu’il l’ait habitée. Bien plus, feu M. P.-B. Casgrain a établi qu’en 1759 Arnoux était propriétaire et habitait une maison sur la même rue Saint-Louis mais un peu plus haut, du côté nord.