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LE FORT DES MESSIEURS À MONTRÉAL



U N certain nombre d’Iroquois de la Prairie de la Madeleine et d’autres Sauvages ayant manifesté aux Sulpiciens leur désir de vivre dans l’île de Montréal, ceux-ci les établirent, en 1676, au bas de la Montagne, à deux milles à peu près de la ville, vers l’ouest.

C’est M. Vachon de Belmont qui bâtit le fort de la Montagne afin de protéger ses néophytes contre les attaques des Iroquois païens.

Bacqueville de la Potherie fait la description suivante du fort des Messieurs :

« La maison de M. l’abbé de Belmont est un des plus beaux endroits du pays… C’est un fort de pierre à quatre bastions. Il a une chapelle de cinquante pieds de long sur vingt-cinq de large, dont les murailles sont revêtues d’un lambris, sur lequel il y a plusieurs ornements comme d’urnes, de niches, de pilastres et de piédestaux en façon de marbre rouge veiné de blanc. Les cabanes des Iroquois qui sont plus de cent vingt, joignent ce fort et sont entourées de palissades. »

M. l’abbé Olivier Maurault à qui nous empruntons tous ces détails explique que l’enclos réservé aux Sauvages portait le nom de fort des Sauvages, et les constructions de pierre se nommaient le Fort des Messieurs.

De toutes les belles constructions élevées par M. l’abbé Vachon de Belmont il ne reste plus que les deux tours reproduites ici.

Citons encore M. l’abbé Maurault :

« De 1854 à 1857 s’éleva l’énorme bâtiment du Grand Séminaire. Pour des raisons que nous aimons mieux ignorer, on crut nécessaire de bâtir le corps principal et les deux ailes de cette institution autour du vieux château. Les tours d’arrière disparurent dans les travaux de fondation. Quant à la maison elle-même elle demeura jusqu’en 1858, enserrée entre les deux bras du Séminaire. Une précieuse photographie de Notman, nous la montre ainsi, prise dans cette sorte d’étau qui allait bientôt la broyer. Que reste-t-il maintenant ?