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LE MANOIR DES LANAUDIÈRE À SAINT-VALLIER



L E 13 novembre 1767, l’honorable Charles-François-Xavier Tarieu de Lanaudière, déjà propriétaire des seigneuries de Sainte-Anne-de-la-Pérade, de Tarieu et du Lac Maskinongé ou Lanaudière, se rendait acquéreur de la moitié du fief et seigneurie de la Durantaye contenant une lieue et demie de front ou environ sur le bord du fleuve Saint-Laurent sur quatre lieues de profondeur. Cette moitié de la seigneurie de la Durantaye était connue sous le nom de fief ou seigneurie de Saint-Vallier. Les dames religieuses de l’Hôpital général de Québec, propriétaires de la seigneurie de Saint-Vallier depuis le 18 août 1720, avaient été obligées de la vendre pour payer un emprunt que les malheurs des temps les avaient obligées à faire de M. Benjamin Comte.

M. de Lanaudière qui avait toujours été l’ami de l’Hôpital général et qui comptait plusieurs parentes parmi les religieuses de cette communauté, n’avait pas fait l’achat de la seigneurie de Saint-Vallier dans un but de spéculation. C’est à la demande même des bonnes dames qui voyaient leur maison acculée à la ruine, si elles ne pouvaient satisfaire leur créancier, qu’il fit cet achat.

L’honorable M. de Lanaudière, toutefois, n’habita jamais sa seigneurie de Saint-Vallier. À sa mort, arrivée précisément à l’Hôpital général de Québec, le 1er  février 1776, elle passa à son fils, le célèbre chevalier de Lanaudière, celui-là même dont le vieux gentilhomme disait : — Si je mettais mon fils dans une balance, et dans une autre l’or qu’il m’a coûté avant de recevoir sa légitime, il l’emporterait de beaucoup. Le chevalier de Lanaudière, pas plus que son père, ne résida à Saint-Vallier. Ses devoirs de militaire et d’aide de camp du gouverneur le retenaient à la ville.

Les demoiselles Marie-Louise et Agathe de Lanaudière, sœurs du chevalier, furent les premiers membres de cette famille distinguée à habiter Saint-Vallier. Elles firent construire leur manoir dans une anse superbe d’où la vue s’étend bien loin sur le grand fleuve.