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LA MAISON PAQUET À SAINT-NICOLAS



V OICI une des plus vieilles et des plus intéressantes maisons de l’ancienne seigneurie de Lauzon. La maison Paquet, construite en deux parties, date du régime français.

Dans l’hiver de 1775-1776, un fort détachement de l’armée de Arnold, immobilisée devant Québec, fut envoyé à Saint-Nicolas pour se procurer des provisions. Les soldats du Congrès s’installèrent dans la maison Paquet, qui par ses proportions semblait plutôt un manoir, et y passèrent plusieurs semaines. La tradition s’est même conservée dans la famille Paquet, très nette, très distincte, que pendant leur séjour à Saint-Nicolas une épidémie se déclara parmi les soldats américains et trois ou quatre succombèrent au fléau. On montre même l’endroit où ils furent enterrés, de l’autre côté du chemin du Roi, à peu près à l’endroit où s’élève aujourd’hui la chapelle de Notre-Dame de Grâces.

Feu M. Alfred Cloutier fait la description suivante de la maison Paquet :

« Le vieux manoir, écrit-il, est aussi solide et aussi propret à l’intérieur et il offre autant de confort que lorsque nous l’avons vu pour la première fois, il y a près de 60 ans, alors que M. Benjamin Paquet y vendait ses marchandises. Nous disons « manoir », parce que les gens ont pris depuis longtemps l’habitude de désigner sous ce vocable cette jolie résidence, ferme et manoir à la fois, qui dénote chez le constructeur un goût prononcé pour tout ce qui procure la joie de vivre au foyer, avec tout le confort possible dont un citoyen à l’aise pouvait s’entourer à cette époque déjà lointaine.

« Le corps de la bâtisse a plus de 90 pieds de longueur. Les salles sont larges et spacieuses, mais le plafond en est plutôt bas, selon la mode du temps, et probablement aussi afin que la chaleur ne se perde pas trop en hiver. Le toit est à pignon et les multiples petites chambres qu’il contient sont destinées au nombreux personnel de la maison toujours occupé aux travaux de la ferme. La longue table, autour de laquelle se range tout ce monde aux heures des repas, nous fait instinctivement remonter aux beaux temps des mœurs patriarcales, où maîtres et serviteurs se reconnaissant égaux devant le Souverain Seigneur, rompaient le pain et buvaient le vin en rendant grâce à celui qui, dans sa munificente bonté, leur accordait le même bienfait.