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LA VILLA LA BROQUERIE. ANCIEN MANOIR DE PIERRE BOUCHER, À BOUCHERVILLE



C’ EST en 1668 ou un peu avant que Pierre Boucher abandonna les charges d’honneur et de confiance que les gouverneurs de la Nouvelle-France lui avaient données pour aller établir sa seigneurie des îles Percées ou de Boucherville.

Relisons les raisons qui l’engagèrent à fonder son établissement de Boucherville :

« C’est pour avoir un lieu dans ce pays consacré à Dieu, où les gens de bien puissent vivre en repos, et les habitants faire profession d’être à Dieu d’une façon toute particulière. Ainsi toute personne scandaleuse n’a que faire de se présenter pour y venir habiter, si elle ne veut changer de vie, ou elle doit s’attendre à en être bientôt chassée.

« C’est pour vivre plus retiré et débarrassé du fracas du monde, qui ne sert qu’à nous désoccuper de Dieu et nous occuper de la bagatelle, et aussi pour avoir plus de commodité de travailler à l’affaire de mon salut et de celui de ma famille.

« C’est pour tâcher d’amasser quelque bien par les voies les plus légitimes qui se puissent trouver, afin de faire subsister ma famille, pour instruire mes enfants en la vertu, la vie civile et les sciences nécessaires à l’état où Dieu les appellera et ensuite les pourvoir chacun dans sa condition. »

Pierre Boucher bâtit son manoir à l’embouchure de la petite rivière Sabrevois, à une vingtaine d’arpents de l’église actuelle de Boucherville. Il l’entoura de palissades et le fortifia de toutes façons car, à cette époque, les Iroquois étaient la terreur de la région.

Vers 1695, Boucher abandonna cette demeure à sa fille Jeanne, mariée à M. de Sabrevois. L’habitation jusqu’alors connue sous le nom de fort Saint-Louis porta dès lors le titre pompeux de château Sabrevois.

Quatre générations de Sabrevois se succédèrent dans la maison bâtie par Pierre Boucher. Le « château » passa ensuite à François Piedmont de la Bruère, puis à Joseph-Antoine Boucher de la Broquerie et, enfin, à Charles Taché, marié à Louise-Henriette Boucher de la Broquerie. Leur fils, Mgr A.-A. Taché, héritier de la vieille maison ancestrale, la donna aux Révérends Pères Jésuites qui, après l’avoir agrandie, en ont fait le célèbre lieu de retraites fermées connu sous le nom de Villa de la Broquerie.