Page:Roy - Vieux manoirs, vieilles maisons, 1927.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Transmettre à sa famille la maison paternelle, la terre reçue des ancêtres, devrait être un sentiment aussi fort, aussi étroitement attaché au cœur, aussi sacré que les liens du sang.
Chanoine H.-A. Scott


Cette épigraphe nous fait saisir immédiatement le but que se propose la Commission des Monuments Historiques, en publiant le présent volume. Elle veut inspirer le respect de la vieille maison, l’amour de l’humble demeure que se sont transmis, de père en fils, les ancêtres, le culte du rustique foyer où se sont écoulés les plus beaux jours de notre enfance.

C’est ici que mes aïeux ont vécu.
Qu’ils ont souffert, qu’ils ont aimé, que la jeunesse
Dans sa coupe d’amour leur a versé l’ivresse
Et qu’ils sont morts, tombant comme tombe un vaincu[1].

Hélas ! ces témoins du passé, ces vieilles maisons de chez nous, elles s’en vont comme beaucoup d’autres choses. Usées par les ans, elles tombent sous le pic des démolisseurs. Pour beaucoup, la destruction s’imposait ; elles menaçaient ruine. Mais, combien auraient pu être sauvées, combien auraient pu être réédifiées dans leurs lignes primitives. Au moins, conservons celles qui existent encore, et n’allons pas les remplacer par des maisons de ville, des cottages, des bungalows insignifiants.

Je n’aime pas les maisons neuves
Leur visage est indifférent.

a dit Sully Prudhomme. Elles peuvent avoir une belle apparence extérieure ; elles ne disent rien au cœur. Au contraire, ces manoirs, ces vieilles habitations dont nous reproduisons le gracieux profil, avaient de l’originalité et symbolisaient justement l’âme de tout un peuple.

  1. Blanche Lamontagne, La vieille maison, p. 7.