des réflexions de la plus forte et de la plus chrétienne philosophie.
Jean Rivard est fatigué, « son corps est harassé, mais son âme jouit, son esprit se complaît dans ces fatigues corporelles. Il est fier de lui-même. Il sent qu’il obéit à la voix de Celui qui a décrété que l’homme gagnera son pain à la sueur de son front. Une voix intérieure lui dit aussi qu’il remplit un devoir sacré envers son pays, envers sa famille, envers lui-même : que lui faut-il de plus pour ranimer son énergie ? »[1] Et puis, il y a les rêves qui viennent enchanter le sommeil reposant du colon ! Rêves bienfaisants et purs où l’on voit dans la plaine croître l’espérance du semeur et onduler l’or des moissons ! « S’il rêve, il n’aura que des songes paisibles, riants, car l’espérance aux ailes d’or planera sur sa couche. » Et Gérin-Lajoie ajoute avec son style tout plein des choses qu’il exprime : « De ses champs encore nus, il verra surgir les jeunes tiges de la semence qui en couvriront d’abord la surface comme d’un léger duvet, puis insensiblement s’élèveront à la hauteur des souches ; son imagination le fera jouir par anticipation des trésors de sa récolte. Puis, au milieu de tout cela, et comme pour couronner ses rêves, apparaîtra la douce et charmante figure de sa Louise bien-aimée, lui promettant des années de bonheur en échange de ses durs travaux. »[2]
Au bout de quelques mois, le soleil et Dieu aidant, le premier rêve du colon devint une réalité. On fit la récolte : épilogue nécessaire de tous les poèmes du semeur. Avouons qu’ici Gérin-Lajoie a manqué le coup de brosser le tableau où l’on eût pu voir appliqués aux travaux multiples de la récolte, Jean Rivard et son infatigable compagnon. Quoi de plus pittoresque — du moins aperçu à travers le prisme des descriptions — que les scènes rustiques du coupage des grains, de l’engerbage, de l’engrangement, du battage et du vannage ! Et l’au-