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ROMANCIERS DE CHEZ NOUS

fage ; fortifier sa santé par un travail assidu, mesuré et constant ; se lever de bonne heure, et surveiller soi-même le train de la ferme ; ne pas faire de dettes ; ne pas trop agrandir sa propriété ; tenir un journal des opérations de la ferme, et un registre des recettes et des dépenses ; puis enfin, et c’est peut-être plus important que tout le reste, épouser Louise Routier !

Jean Rivard est donc surtout un roman social. Et il vaut, d’abord et avant tout, par la thèse qui y est développée, par l’intérêt général qu’il présente, par les scènes de vie coloniale qu’il raconte, par le très large tableau rustique qu’il déroule sous les yeux du lecteur.

C’est l’impression d’ensemble que l’on en reçoit qui fait sa première valeur éducative, et qui lui assurerait pour longtemps, s’il était plus connu, une bienfaisante influence sur l’esprit de nos populations agricoles. Mais les effets d’ensemble sont déterminés eux-mêmes par l’agencement plus ou moins artistique des parties ; d’autre part, un tableau ne peut valoir si, dans le jeu plus ou moins savant des ombres et des lumières, n’apparaissent en bonne posture et en un relief satisfaisant les personnages. C’est pourquoi il peut être intéressant de suivre à travers les pages de Jean Rivard, d’étudier sur la toile où l’auteur les a peints, les héros de notre « roman du colon ».

Et c’est d’abord Jean Rivard lui-même qui s’offre le premier à nos regards, puisque c’est lui que l’on aperçoit toujours au premier plan, et dont le geste se dessine plus nettement et se déploie sans cesse sur le fond un peu sombre de la forêt de Bristol.