des spéculateurs et les intérêts des colons, le gouvernement empêchera, par des règlements judicieux qu’il doit être enfin capable de faire, que des spéculateurs cupides comme l’honorable Robert Smith, propriétaire des forêts du canton de Bristol, retiennent incultes des terrains dont ils attendent un grand accroissement de valeur avant de les livrer à la colonisation.
Le gouvernement devrait enfin, dans toutes les localités importantes, créer des fermes modèles, qui serviraient d’exemplaires à l’initiative des colons, et les empêcheraient de s’attarder dans la routine ou dans des expériences inutiles et ruineuses.
Et l’on voit donc, par ce simple exposé, que s’il n’y a rien qui paraisse bien neuf aujourd’hui dans tout ce plan d’action gouvernementale, et rien que nous n’ayons lu souvent dans nos journaux, il n’en est pas moins juste de remarquer que Gérin-Lajoie a bien vu, en 1860, ce qu’il faut regarder comme des données essentielles du problème de la colonisation ; et n’y avait-il pas alors quelque mérite à les préciser, s’il est vrai que ce problème, jusqu’ici compliqué d’intérêts contraires qu’on ne sait pas accorder, attend encore, et depuis plus de cinquante ans, comme on le disait il y a quelques jours au Parlement, sa définitive solution ?
Quant à la part du colon, Gérin-Lajoie ne pouvait manquer de la faire large et active, puisque aussi bien c’est pour la décrire qu’il entreprenait son roman. Le colon type, le colon idéal, c’est Jean Rivard, « l’homme carré » dont parlaient Napoléon 1er et Pierre Gagnon. Nous ne pouvons rappeler ici toute l’économie de sa ferme et de sa maison. Ce serait trop long, et peut-être qu’ainsi résumé ce serait fastidieux. Jean Rivard, d’ailleurs, a, un jour, livré à Gérin-Lajoie lui-même, qui visitait Rivardville, le secret de sa prospérité. Il se réduit à ceci : défricher un sol fertile ; cultiver avec méthode ; réserver sur son lot un coin, une parcelle de forêt nécessaire pour fournir le bois d’œuvre et le bois de chauf-