gneux qu’il a longtemps misérablement vécue. En 1860, nos jeunes gens s’en vont donc en terre étrangère, ou bien ils grossissent dans les villes le bataillon des mécontents, et nos forêts s’étendent encore à perte de vue sur la terre inexplorée de la province ! Ce n’était vraiment pas chez nous, et à cette heure de notre histoire, le roman de « la terre qui meurt » qu’il fallait écrire, mais bien celui de la terre qui veut naître, de la terre inculte toujours sous la forêt qui reste debout, sous la forêt qu’il fallait abattre.
Comment résoudre ce problème, et qui donc devait s’en charger ? Gérin-Lajoie estime qu’il y a quatre facteurs essentiels qui doivent successivement et au bon moment intervenir, facteurs sans lesquels le problème reste insoluble, mais à qui il est possible et facile de le résoudre : ces facteurs sont le gouvernement d’abord, puis le colon, puis le missionnaire, et enfin le conseil municipal des nouveaux centres organisés. À chacun, Gérin-Lajoie distribue la tâche qui lui revient, et il indique les moyens d’action dont il doit user.
Le gouvernement doit s’inquiéter de faire le choix judicieux des terres qui sont propres à la culture ; il doit à tout prix empêcher que le colon ne s’égare, comme tant de fois il s’est égaré depuis 1860, sur des lots stériles qui découragent ses efforts ; il faut que le sol que le gouvernement permet de labourer soit fertile comme le champ de Jean Rivard.
Mais le départ fait entre les terrains de colonisation et les terrains forestiers, le gouvernement doit aux futurs colons de tracer d’avance des routes, des chemins qui leur permettent de communiquer facilement avec les centres populeux, et qui éviteront aux pauvres défricheurs exilés dans la forêt de ces courses périlleuses et meurtrières, comme l’on en raconte dans l’histoire des Bois-Francs.
Mais parce que dans notre province se heurtent souvent, en des conflits sans cesse renouvelés, les intérêts