seconde partie du livre de Gérin-Lajoie : encore qu’il y ait là peut-être les pages les plus intéressantes de ce roman. L’on y voit Jean Rivard et Louise occupés à faire prospérer la ferme, et à continuer l’œuvre difficile, mais déjà moins rude, des défrichements. La maison de Jean Rivard, où les petits enfants multiplient la joie et l’espérance, devient avant longtemps le centre d’une centaine d’établissements qui se partagent déjà la forêt de Bristol. C’est une paroisse véritable qui s’est peu à peu formée, qui possède maintenant ses ouvriers de toutes sortes, constructeur, maçon, voiturier, cordonnier, forgeron, marchand. Elle a même son avocat de village et son fabricant de chicanes dans la personne de Gendreau-le-Plaideux. Curieux type normand que celui de ce Gendreau qui venait d’une des vieilles paroisses des bords du Saint-Laurent, où il avait incarné la contradiction. On assure même qu’en quittant cette paroisse où il était conseiller municipal, il avait refusé de donner sa démission en disant à ses collègues : « Je reviendrai peut-être ! en tous cas, soyez avertis que je m’oppose à tout ce qui se fera dans le conseil en mon absence. »
Mais la nouvelle paroisse du canton de Bristol avait bien mieux que Gendreau-le-Plaideux, elle avait son médecin, et surtout son missionnaire, puis son curé. C’est dans une cabane en bois, d’abord, ou en plein air, que l’abbé Octave Doucet, le modèle des missionnaires et des curés, ancien camarade de Jean Rivard au collège, célébra la messe. Mais l’église, qui attire toujours des colons et dont ne peuvent guère se passer nos braves défricheurs, éleva bientôt la flèche de son clocher parmi les érables et les ormes de Bristol ; elle fit entendre sa voix d’airain dans la paix encore grande de cette forêt qui reculait toujours son horizon mobile. D’ailleurs, les progrès constants de cette colonie lui permirent bientôt, en dépit des oppositions systématiques de Gendreau-le-Plaideux, d’avoir son organisation paroissiale et municipale complète. C’est le nom officiel de Rivardville que l’on donna à la nouvelle paroisse, afin de per-