ANTOINE GÉRIN-LAJOIE
JEAN RIVARD
Le Roman du Colon
Voici le roman du colon ! — Je ne saurais comment appeler autrement ce livre rustique et tout imprégné des senteurs de la forêt. Jean Rivard, c’est l’histoire d’un colon, et il semble que cette histoire n’a été écrite que pour des colons ou pour ceux qui veulent le devenir. Elle ne s’adresse pas aux lecteurs et aux lectrices des villes, mais aux lecteurs des champs, à ceux qui n’ouvrent des livres que le soir, après avoir pendant le jour travaillé sous le soleil, nettoyé les abatis, bûché les arbres ou labouré la terre. Et c’est Gérin-Lajoie lui-même qui nous en avertit, avec cette ironie hautaine qui parfois dessinait un pli dédaigneux au coin de sa lèvre d’écrivain pensif et timide : « Jeunes et belles citadines qui ne rêvez que modes, bals et conquêtes amoureuses ; jeunes élégants qui parcourez, joyeux et sans soucis, le cercle des plaisirs mondains, il va sans dire que cette histoire n’est pas pour vous. »[1]
- ↑ Cf. Jean Rivard, Avant-Propos.