pénible travail des laboureurs pauvres et du colon sans ressources de Fan de grâce 1848.
M. Léo-Paul Desrosiers ayant résolu d’écrire un roman de chez nous, a eu l’heureuse pensée d’en situer la fable à une époque particulièrement typique de l’histoire de l’habitant canadien.
On vit en 1848 l’une de ces années de disette persistante, qui ont alors désolé nos campagnes. La culture ne rapporte plus assez pour nourrir ses ouvriers. La terre mal travaillée par la routine, épuisée par d’inhabiles exploitations, n’offre plus que d’insuffisantes récoltes à cette population de Berthier (en haut de Québec) et des alentours, où vivent avec parcimonie et misère les héros de Nord-Sud. C’est même le blé du Haut-Canada qui fait alors vivre le Bas. Les gouvernements instables, que la politique mouvementée du régime de l’Union fait surgir et tomber trop vite, n’ont pu donner à la colonisation l’attention qu’elle mérite. Le problème vital de la fortune économique du Bas-Canada est resté à l’arrière-plan des agitations politiques, et les jeunes gens plutôt que de s’en aller tailler dans les forêts inaccessibles des terres neuves qui sont des terres de misère, s’en vont dans les Hauts, dans les hauts de l’Outaouais ou du Saint-Maurice pratiquer le métier de bûcheron et de scieur de bois qui paraît être tout l’avenir de la race.
Voici d’ailleurs qu’un autre moyen de faire fortune sollicite nos jeunes gens de 1848. Les États-Unis happaient déjà la fine fleur de nos populations rurales. Mais la découverte récente des mines d’or de la Californie accroît ce mouvement d’émigration ; elle met en émoi tous les chercheurs d’avenir. La réclame tapageuse montre comme un Eldorado merveilleux le pays où abonde le précieux métal, où l’on ramasse à la pelle la poussière d’or, où l’on marche sur les lingots brillants.