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HARRY BERNARD

LA FERME DES PINS[1]




Le problème des races est l’un des thèmes les plus fertiles du roman canadien. Il peut en être le plus tragique. Tantôt il se déroule dans le domaine des événements publics, et tantôt dans le champ clos de la conscience. Et c’est lorsqu’il se pose dans la conscience même qu’il offre plus ample matière à la psychologie, aux analyses d’âme, aux conflits douloureux des sentiments. M. Harry Bernard s’en est avisé, et il vient d’écrire sur ce thème psychologique son quatrième roman.

La scène est située dans les Cantons de l’Est. Et le lieu est vraiment bien choisi. Ces Cantons furent autrefois attribués par une prudente politique des Anglais à des colons de langue anglaise. Ils devaient constituer dans notre province comme une réserve inépuisable de vie et d’influence anglo-saxonnes. Des loyalistes qui avaient fui la révolution américaine, des soldats heureux de l’armée britannique y avaient, à la fin du dix-huitième siècle, constitué les premiers noyaux d’une agglomération anglaise. Et peu à peu s’était fortifiée dans ces régions propres à la culture, relevées de montagnes pittoresques, parsemées de lacs, sillonnées de rivières, une population qui semblait assurer à la politique anglaise de nos gouvernants un appoint solide.

On sait ce qu’il advint, et comment peu à peu le bloc des Cantons fut entamé par des colons de langue

  1. La Ferme des Pins. Roman, par Harry Bernard. Un vol. 216 pages. Librairie d’Action Canadienne-française, Montréal, 1930.
    Cette étude ne fait pas partie du groupe des Essais et Nouveaux Essais.