l’amour de la femme. Cette rencontre d’affections, qui se heurtent et se meurtrissent, fait l’histoire des âmes plus poignante, plus pathétique, plus grande. Et nul doute que, bien soudés l’un à l’autre, ces deux sujets de roman — car il y en a deux, dont le premier consiste dans les amours de Jules et de Marguerite brisées par la question religieuse, et le second, dans le dévouement de Jules à la création d’une âme canadienne — ne soient propres à se fortifier l’un par l’autre. Mais il eût fallu les faire se pénétrer davantage, les fondre ensemble de façon plus heureuse, afin d’empêcher la fable de se bifurquer, et de nous donner l’impression de deux actions, non pas convergentes, mais parallèles. La politique qui est introduite à grand fracas, dans le roman, au deuxième chapitre, n’y occupe pas ensuite une place assez large. Jules Hébert, tout le premier, se désintéresse trop de son élection. On sort aussi vite que lui de la salle de son comité, où rien ne nous retient, et l’on court à l’intrigue amoureuse, curieux d’en voir se compliquer le fragile écheveau.
En vérité, c’est un beau et grand sujet — trop grand, c’est sûr, et qui se morcelle sous sa plume — qu’a choisi M. Hector Bernier pour son premier essai dans le roman. Nous aurions préféré le voir éprouver ses forces sur un thème plus facile, plus approprié aux ressources de son jeune talent. C’est merveille, tout de même, que s’appliquant à une tâche si haute, il ait réussi à intéresser et à retenir le lecteur.
Nous ne sommes pas surpris, cependant, que de telles situations d’âmes, très possibles, très vraisemblables chez nous, aient tout d’abord frappé l’esprit de M. Bernier. Rien n’est plus persistant et vivant, et rien donc n’est toujours plus actuel que la question religieuse. La religion, qui est faite pour rapprocher les âmes et les unir