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HECTOR BERNIER


AU LARGE DE L’ÉCUEIL[1]


Voici un roman canadien ! La chose est rare chez nous, comme l’on sait ; et, avant que de paraître, ce livre eut un gros succès de curiosité. Le succès d’estime est venu ensuite : M. Hector Bernier est donc un auteur heureux. Il a été désiré, puis loué pour cet effort courageux de sa jeunesse.

Écrire un roman de mœurs, ou faire un roman psychologique est une grosse entreprise, qui effraie, évidemment, l’esprit des nôtres. Je crois bien que personne ne l’a tentée depuis plusieurs années, depuis que M. le docteur Choquette a écrit les Ribaud, et Claude Paysan. Nous n’avons eu, en ces derniers temps, que les romans historiques de Laure Conan et de M. Routhier. C’est que le roman de mœurs, ou le roman psychologique à base de mœurs, est une œuvre assez difficile à conduire, et qui demande beaucoup d’observation, beaucoup de pénétration et beaucoup d’imagination. M. Hector Bernier aime à observer la comédie que jouent les hommes et il descend volontiers dans la conscience de son voisin ; il est riche d’une imagination qui multiplie, colore, idéalise la vie : il devait être de bonne heure induit en la tentation de faire un roman. Il a bien vite cédé à cette tentation.

  1. Au large de l’Écueil, par Hector Bernier, Québec, 1912.