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ROMANCIERS DE CHEZ NOUS

placer au point de vue de l’auteur, demandent à celui-ci un livre tout autre que celui qu’il a souhaité écrire. Or, M. Routhier nous en avertit dès la première page de son roman : il a fait Le Centurion pour nous « inspirer le désir et le goût de lire les Évangiles ». C’est l’Évangile qu’il leur présente ; il veut que les récits évangéliques s’impriment dans leur mémoire.

Cet Évangile, il n’a donc pas voulu le profaner en jetant sur ses pages divines le tissu trop dense d’une intrigue mondaine. Il n’a pas voulu surtout qu’aucune figure ne brillât dans ce livre d’un éclat plus séduisant que la figure du Maître, et qu’en le lisant, on s’attachât à d’autres personnes qu’à la sienne. M. Routhier a réalisé son dessein, il a produit l’impression qu’il voulait faire sur ses lecteurs, et il a obtenu le succès qu’il souhaitait, et il faut l’en féliciter. Peu importe qu’il ait, sur la couverture du Centurion, promis un roman qu’il n’a pas tout à fait donné, et que ce roman soit si peu et presque pas du tout romanesque : le sous-titre n’était là sans doute que pour allécher le lecteur, et le lecteur n’en voudra jamais à M. Routhier de s’être si « joliment » fait prendre.


Septembre 1909.