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LE CENTURION

ments de l’auditoire sont indiqués dans le texte du discours, entre parenthèses, absolument comme dans le Journal officiel. On s’attend à chaque instant aux coups de canne des séances désespérées, et vraiment, l’ex-Grand-Prêtre Anne a raison de dire qu’il faut mettre fin à cette discussion scandaleuse. Ce chapitre est pourtant plein d’idées, de faits, de choses très captivantes : on le lit avec autant d’intérêt que si l’on avait sous les yeux le compte rendu d’un débat sur la colonisation ; il ne lui manque qu’un peu de vraisemblance, disons de « couleur locale ».

C’est donc la fortune singulière du livre de M. Routhier que, malgré ses défauts — et M. Routhier sera le premier à ne pas s’étonner qu’il en ait — il intéresse et instruise le lecteur. L’auteur y a mis une telle somme de travail, de recherches, et parfois d’érudition, que l’on est heureux quand même de feuilleter ces pages, et que l’on se propose déjà d’y retourner, d’aller y chercher demain tel renseignement précieux dont on aura besoin.

Nous avons cru devoir appuyer sur la critique que l’on en peut faire, et justifier un peu longuement nos observations. Un livre comme celui-là mérite plus qu’une fade bienveillance ; il vaut la peine qu’on le lise avec soin, et qu’on signale à l’auteur — qui nous annonce un autre roman semblable — ce que l’on croit être le défaut principal d’une telle œuvre.

Au surplus, nous pouvons errer à notre tour, et il peut arriver, s’il s’agit surtout de la composition du roman, de la nature et de la conduite de l’intrigue, que nous n’ayons pas tout à fait compris la pensée, le dessein de l’auteur. Nous aurions fait autrement que M. Routhier Le Centurion ; mais M. Routhier a peut-être eu raison de faire ce qu’il a « voulu » faire. Les critiques les plus insupportables sont assurément ceux qui, au lieu de se