se continuer, de se fortifier, et rejettent souvent en dehors du livre des personnages que la curiosité redemande et que l’art y rappelle.
Et les personnages eux-mêmes souffrent vraiment de ne pas occuper une plus large place sur la scène, ils ne s’affirment pas assez, ils ne découvrent pas assez leur âme, ils ne déclarent pas assez leur conscience ; ils ne sont guère que de passage, ils restent trop à l’état de silhouettes fugitives. Sans doute, le roman historique ne comporte pas des analyses aussi déliées que le roman psychologique, mais l’on aime, en tous romans, à pénétrer un peu dans l’intimité des héros, à recevoir leurs confidences, à connaître les luttes intérieures qui les font souffrir, ou qui déterminent leur conduite. L’on aime surtout à voir saillir dans les conversations, et dans les actes, le caractère net et distinctif des protagonistes.
Or, précisément, l’on se demande quel est dans ce long drame que l’on raconte, celui qui est le principal personnage, celui qui est l’occasion, la cause de toutes les péripéties, celui dont le sort doit le plus nous attacher, dont les démarches font surgir les événements, et qui serait ainsi, vraiment, le centre du roman ? Ce doit être le centurion. Le titre du livre nous en avertit. Mais l’on regrette que le centurion soit si souvent absent. Et quand on le rencontre par hasard, on le voudrait plus vivant, et plus sympathique. Je ne parle pas de ses amours avec Camilla qui sont décidément sacrifiées, et qui ne seraient qu’un flirt très ordinaire si elles n’aboutissaient à un mariage auquel, d’ailleurs, personne ne s’intéresse, mais je veux ici signaler surtout ses évolutions trop peu préparées, sa conversion trop inexpliquée. L’âme du centurion est vraiment trop paisible ; elle s’en va d’un mouvement trop uniforme vers le salut. Et si par hasard, il lui arrive de souffrir, de se trouver en des situations qui peuvent provoquer une crise, comme, par exemple, lorsque Caïus, déjà favorable à Jésus, reçoit du gouverneur l’ordre d’organiser le cortège qui va le conduire au Calvaire, on nous dit tout simplement :