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LE CENTURION

lui-même ne nous fussent pas servis en des tranches trop distinctes, que tous ces éléments fussent davantage fondus, qu’ils n’isolent pas les personnages, et que ceux-ci puissent se mouvoir librement dans tous ces horizons où ils vivent.

Or, justement, il nous semble que les récits et que les dissertations ne sont pas assez mêlés à la fable, et que ce roman a trop de compartiments séparés. Les chapitres même où l’on rapporte les miracles de Jésus ressemblent trop à des chapitres seulement détachés d’une vie de Jésus. Ils sont trop souvent écrits en marge du roman. Jésus est trop étranger aux personnages imaginés par l’auteur ; ces personnages ne traversent pas assez les routes où passe Jésus, et Jésus ne fait pas assez pour eux les merveilles qui convertissent. C’est, par exemple, un récit hors cadre, que celui du « Triomphe d’un jour, » l’auteur nous avertissant seulement à la fin du chapitre, et sans y insister, que le centurion et Camilla ont vu passer du haut de la tour Antonia le cortège du triomphateur.

Et puis, ne sont-ils pas trop souvent écrits aussi en marge du roman ces chapitres d’histoire, d’archéologie, de littérature qui entrent à peine dans le texte courant ? Le journal de Camilla est assez finement écrit. Mais on le lit en attendant que l’on retrouve le roman du centurion.

Dans une autre partie du livre, dans la troisième, les discussions doctrinales, où s’exerce une bonne dialectique, ne jaillissent pas assez des situations, du conflit ardent des personnages, ou des heurts de l’action. — Plus loin, le chapitre de l’examen du procès de Jésus, se révèle la sagacité du magistrat, aurait gagné à être fait en même temps que le récit du procès lui-même, avec lequel il fait souvent double emploi.

Ces développements, d’ailleurs agréables et instructifs, que l’intrigue eût pu facilement absorber et assimiler, ainsi présentés empêchent l’action de se nouer, de