ADOLPHE ROUTHIER
LE CENTURION
Le roman de M. Routhier est l’un des plus remplis, des plus « étoffés », des plus substantiels qu’il y ait encore dans la littérature canadienne. Il enferme plus d’histoire, plus de géographie, plus d’idées, je ne dirai pas plus d’amour, que tous ceux qui ont paru jusqu’ici dans notre province française. Et cela est un progrès qu’il faut noter, attendu que le roman est un genre qui se développe lentement chez nous, et difficilement, attendu surtout que ce genre suppose chez celui qui le pratique un esprit très riche et très souple, et attendu, enfin, que cette complexité du roman pourrait être l’une des raisons pour lesquelles on n’ose guère ici l’aborder.
Le Centurion est un roman messianique, c’est-à-dire reconstructeur des mœurs juives, et des plus grandes actions du Messie. L’on sait que ces sortes de livres sont depuis quelques années à la mode, et qu’ils ont remis en honneur le genre un peu désuet et hybride du roman historique. Anglais, Allemands, Polonais, Français, ont tour à tour rivalisé dans ce genre qui a produit, entre beaucoup d’autres, les œuvres bien connues parmi nous de Ben Hur, Quo Vadis, le Rayon, Âmes juives.
Le Centurion est le seul roman messianique que nous ayons au Canada français, et nous pensons bien que M. le juge Routhier était ici le seul écrivain qui pût essayer