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L’OUBLIÉ

Laure Conan se constitue parmi nous un apôtre ; elle emploie sa plume à écrire et à propager ce qu’il y a de meilleur dans son âme si canadienne. Elle est pénétrée de cette pensée qui explique tout Lambert Closse, et que Lambert Closse communique à Mlle Elisabeth, à savoir que la vie est surtout un devoir. Elle a publié un jour Si les Canadiennes le voulaient, et elle « veut » pour sa part contribuer à faire chez nous les âmes plus fortes, et la patrie plus grande. N’avait-elle pas, par exemple, une intention et très louable et très patriotique, quand elle a imaginé le chapitre douzième de L’Oublié, et qu’elle fait voir si âpre au dur labeur de la colonisation son héros ? et quand surtout elle lui fait dire à sa jeune et dolente épouse : « Défricher, labourer, semer, c’est la noblesse de la main de l’homme. C’est presque aussi beau que de porter le drapeau[1] ».

Ce sont des leçons de ce genre que souvent et très discrètement Laure Conan donne ici à ses compatriotes, et cela suffit vraiment pour que son livre mérite d’être répandu dans tous nos foyers canadiens, et qu’il y porte avec l’amour de notre passé si héroïque la semence des bons conseils et des bonnes résolutions.

Mars 1903.



  1. L’Oublié, p. 168.