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Le jour suivant, les quatre personnages, que nous avons sous les yeux, furent tôt sur pieds. Après un bon déjeuner ils se mirent vite en campagne.

Sortant de la grotte, de la Vérendrie grimpa au sommet de La Pipe pour reconnaître le pays. Il en descendit bientôt et dit à Pierre :

— À un mille d’ici sont les Jumelles. C’est à l’extrémité ouest de celle qui est la plus rapprochée de nous que l’on a trouvé l’énorme morceau d’or enterré ensuite près de cette grotte. Allons voir si ce terrain aurifère est aussi riche qu’on l’a fait entendre.

Les chercheurs d’or avaient apporté du fort deux pics et deux pelles, dont ils se servirent pour creuser et travailler la terre, et en extraire le métal précieux qu’elle recélait.

Ils piochèrent dru tout ce jour, le suivant et le surlendemain sans rencontrer la plus petite parcelle d’or.

Non découragés, ils continuèrent bravement deux jours encore. Hélas ! sans plus de succès !

Cinq jours d’un rude labeur s’étaient écoulés sans aucun résultat appréciable. Cinq jours en ne comptant pas la journée employée à voyager du fort La Jonquière à la montagne La Pipe ! En tout, presque une semaine, et ils n’étaient pas plus avancés.

Trois fois vingt-quatre heures à demeurer encore à cet endroit, et puis il faudrait retourner au fort, car Joseph ne voulait pas prolonger son absence au-delà du terme fixé au sergent qu’il avait laissé en charge là-bas.

À la fin de la sixième journée, en prenant le repas du soir, Pierre dit :

— Joseph si tu veux m’en croire, nous fouillerons le sol demain entre la source et notre caverne. Je veux savoir si le gros morceau d’or existe réellement.

— C’est bien, nous chercherons demain.

— Vois-tu nous avons gardé cette affaire-là pour la dernière, pour la bonne bouche ; et qui sait ? il n’y a peut-être rien !

— S’il en était ainsi nous ne passerions pas un quart d’heure de plus, ici.

— Crois-tu que le vieux Mandane ait pu nous tromper à ce point ?

— Non. Mais à demain et ne nous décourageons pas trop vite.

— Dis donc, reprit Pierre, quand il eut fini de manger ; si nous continuions notre examen du couloir ? Et il indiquait la cavité béante au-dessus de leurs têtes.

— Tu as raison, cela nous distraira.

Après le souper donc, Pierre, Joseph, le Renard et l’Écureuil, bien armés et munis de torches, s’aventurèrent dans le boyau découvert le premier soir de leur arrivée dans la grotte.

Ils marchèrent pendant environ une heure, tantôt montant, tantôt descendant dans l’étroit chemin. Enfin, ils arrivèrent dans une petite grotte, sans issue.

En rebroussant chemin, Joseph parla :

— Si le magot existe et qu’il soit enfoui entre la caverne et la source, nous pourrons l’apporter dans cette seconde grotte que nous venons de découvrir.

— Une idée ! exclama Pierre. J’y songe tout-à-coup : Sais-tu ? notre grande caverne, c’est le fourneau de La Pipe, et…

— Et nous venons d’en parcourir le tuyau, interrompit Joseph.

— C’est ça !

— Eh bien ! c’est toujours bon à savoir !

Le lendemain matin, armés de leurs pics et de leurs pelles, les quatre hommes attaquèrent le sol avec ardeur, à mi-chemin entre la source et la grotte. À un pied de profondeur, Pierre, au bout de son pic, rencontra un corps dur.

Ému, tremblant à la pensée que ce pouvait être l’énorme pépite enfouie par l’auteur des petites cartes, il s’arrêta, mais le son rendu au contact de l’outil et de la substance inconnue n’était pas celui de l’acier frappant sur le métal.

Maîtrisant son émotion, il continua son travail et mit bientôt à jour une masse informe et noirâtre. Il promena la pointe de son pic dessus. C’était mou comme la laine. C’était un morceau d’étoffe brune qui se déchira, pourri par l’humidité du sol.

En ce moment, un rayon de soleil, glissant jusque dans le trou fait par Pierre, éclaira cette masse sombre, et, frappant sur la déchirure de l’étoffe, produisit un éclair fauve.

Plus de doute : il avait sous les yeux la pépite de la victime de l’Œil-Croche.

Mais elle pesait beaucoup et il dut employer ses deux mains et faire appel à un bon coup de jarret et de reins pour la jeter hors de son lit.

— Dieu soit loué ! cria-t-il gaiement.

Joseph qui travaillait un peu plus loin accourut.

Dépouillant la pépite de son enveloppe