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demeurèrent, furent coupées à deux pieds du tronc pour former des échelons.

Pour mieux faire comprendre à ses amis comment ils opéreraient leur envahissement, le fils du Corbeau appuya les deux pins sur l’une des branches basses d’un gros arbre, puis il monta lestement dans cette nouvelle échelle.

Les jeunes Yhatchéilinis approuvèrent avec joie l’idée de leur chef.

Par ce moyen, il devait être aussi facile de s’emparer du fort que de grimper dans un arbre pour y cueillir des noix.

Pour se les rendre favorables et les déterminer à le suivre Œil-de-Faucon leur avait fait entrevoir un butin magnifique pour récompense de leur aide.

Il ne comptait pas sur un échec, car les blancs, sans chefs, seraient surpris et ne pourraient opposer qu’une faible résistance.

L’attaque ou l’envahissement du fort devait s’effectuer au milieu de la nuit, moment propice aux noirs projets de tout être cherchant le mal.

Pendant ce temps-là, où étaient messieurs de Noyelles et de la Vérendrie ?

À quoi s’occupaient-ils ?

Ne pensaient-ils pas au retour, après dix jours d’absence du poste de La Jonquière ?

Ou bien, leur était-il arrivé quelque malheur, quelque accident ?

XII

LA PÉPITE D’OR

Les deux gentilshommes et les deux fiers Yhatchéilinis, après avoir laissé le fort, ne firent qu’une courte halte vers le milieu du premier jour, pour manger. Leur course fut rude, mais ils arrivèrent le soir à La Pipe.

Immédiatement, ils se mirent à la recherche de la grotte indiquée sur la petite carte, et la trouvèrent assez difficilement. Des broussailles croissaient à son entrée et la masquaient. C’était une fissure assez large au plus pour livrer passage à un homme se courbant, mais l’intérieur était spacieux.

Les quatre hommes allumèrent un feu et, tout en prenant le repas du soir, se reposèrent autour de ce foyer bienfaisant.

Puis, Joseph et Pierre firent une inspection de leur asile, tandis que le Renard et l’Écureuil roulaient de grosses pierres qu’ils descellèrent des parois de la grotte pour en boucher l’entrée et en fermer l’accès aux animaux féroces.

Pierre compta quinze pas de longueur, et Joseph traversa la grotte dans sa plus grande largeur en mesurant six pas.

Il ne paraissait pas y avoir d’issue autre que celle qui leur avait permis l’entrée en ce lieu. Pierre élevant alors au-dessus de sa tête une branche résineuse de sapin en guise de torche, la promena tout autour de la caverne.

Au centre, à droite de l’entrée, il vit qu’il y existait une cavité.

— Ce serait là une bonne cachette pour le précieux métal jaune que nous cherchons, dit Pierre à Joseph ; si ce trou est assez profond.

— Quoi ! si ce trou est assez profond ? demanda Joseph. On dirait, à t’entendre, que tu crois que nous allons manœuvrer l’or à pleines mains.

— Je n’en demande pas autant. Voici ce que j’ai voulu dire : Si un hasard dévoilait cette retraite à d’autres que nous, ce creux pourrait-il nous servir de récipient ou de cassette aurifère sans révéler facilement la richesse de son contenu ?

— Oh ! c’est différent !… Eh ! assurons nous-en !… Je vais te hisser et, à ton tour, de là-haut tu m’aideras en me tendant la main pour m’attirer vers toi. Allons ! une, deux, trois, y es-tu ?

Et joignant le geste à la parole, Joseph faisait un étrier de ses deux mains jointes, dans lequel son ami avait posé le pied droit en s’élevant aussi haut que possible.

— Tiens ferme, dit Pierre ; j’y suis !

Puis, se penchant sur le bord du trou, il tendit la main à Joseph.

— À ton tour, dit-il.

De la Vérendrie se donnant un élan, et prenant la main offerte, arriva facilement au but.

La cavité qu’ils venaient d’atteindre semblait profonde. Ils firent quelques pas croyant toucher le fond, mais rien ne les arrêta. Ils continuèrent à marcher, et s’enfoncèrent plus avant dans le sein de la montagne ; le creux devenait boyau ou couloir, et paraissait bien long.

Ce que voyant, les deux Canadiens rebroussèrent chemin, et vinrent sauter dans la caverne près des Yhatchéilinis effrayés, qui croyaient leurs maîtres perdus, dévorés par les mauvais manitous de la montagne.

Joseph les rassura immédiatement et leur fit part de sa découverte.

Comme ils étaient bien épuisés par la fatigue, ils attendirent au lendemain pour explorer leur nouvelle demeure.