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UN TRISTE ÉVÉNEMENT

Pierre, perdant la tête, voulait faire débarquer et courir sus à l’ennemi pour l’exterminer, mais Joseph savait bien qu’avant d’aborder au rivage ils seraient presque tous frappés par les balles des Kinongé-Ouilinis.

La douleur dans l’âme, les Français s’éloignèrent de la scène du combat, où l’infortunée Espagnole avait trouvé la mort.

Le lendemain, dans une fosse creusée sur la rive nord de la Saskatchewan, les restes mortels de Dona Maria étaient déposés…

Le trou comblé, et après avoir fait une dernière prière pour elle, les soldats et leurs officiers remontèrent tristement dans leurs embarcations et continuèrent leur route.

De ce moment Pierre perdit son humeur joyeuse qui avait jusqu’alors égayé la monotonie du voyage.

Aimait-il la jeune fille ?….

Peut-être !

Ils arrivèrent enfin au Paskoyac, où les attendait le chevalier de Niverville.

Le retour à Ville-Marie, en passant par le fort Maurepas au sud du lac Ouinipik, la rivière Rouge, en un mot retraçant l’itinéraire, déjà suivi, se fit sans incident intéressant et toutes les personnes de l’expédition dirigée par M. de Saint-Pierre revirent Montréal en l’automne de 1752.


ÉPILOGUE


Le lecteur, sans doute, aimera savoir ce qu’il advint des principaux personnages de cette nouvelle historique.

Voici tout ce que je puis lui dire.

M. de Saint-Pierre, le 2 novembre 1752, fut envoyé par M. Du Quesne, gouverneur-général, pour remplacer Marin qui se mourait, et prendre le commandement de la Belle-Rivière (Ohio). Il périt à l’attaque du camp du général Johnson au fort Lydino, en 1755. Il commandait les sauvages, sous les ordres du baron de Dieskau.

M. le chevalier de Niverville se distingua dans plusieurs incursions faites dans la Nouvelle-Angleterre, et au siège de Québec en 1759.

Joseph et Pierre imitèrent son exemple. C’était l’époque où une lutte gigantesque allait s’engager entre quelques milliers de Français, de Canadiens, et un nombre cinq ou six fois supérieur d’Anglais.

Nos deux braves combattirent vaillamment, et se couvrirent de gloire.

Le cœur de Joseph de la Vérendrye avait gardé fidèlement le