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VENGEANCE DE PEAU-ROUGE

En partant, les Yhatchéilinis lui firent promettre qu’il irait avec son frère blanc, les voir à leur ouigouams.

Joseph et Pierre, naturellement, acquiescèrent à ce légitime désir.

Les sauvages établis près du fort comptaient quarante-deux familles, et environ une soixantaine d’hommes en état de porter les armes.

Le grand chef se nommait le Corbeau.

Quand MM. de la Vérendrye et de Noyelles visitèrent le village des sauvages, ils remarquèrent les fils de Patte-d’Ours, l’un des chefs subalternes. Ils étaient bien taillés et pouvaient être très utiles aux officiers pour le plan qu’ils mûrissaient, relativement à la découverte de la mine.

Ils déclarèrent à Patte-d’Ours qu’ils aimeraient à explorer le pays avoisinant et requerraient les services de deux hommes solides, et, qu’en voyant ses fils, ils avaient cru trouver ceux dont ils avaient besoin.

Ils ajoutèrent immédiatement que de jolis présents seraient leurs récompenses, à lui et à ses garçons, s’ils répondaient à leurs espérances.

Flattés par ces paroles et plus encore par la perspective de présents des blancs, Patte-d’Ours et ses dignes rejetons n’hésitèrent pas à conclure un arrangement. L’un se nommait le Renard, c’était l’aîné, âgé de vingt-cinq ans, et l’autre, l’Écureuil, de deux ans plus jeune.

Le choix de Joseph avait créé quelque jalousie dans la tribu des Yhatchéilinis ; notamment chez plusieurs jeunes braves, et entr’autres Œil-de-Faucon, le fils du Corbeau.

Et de toutes manières, ces derniers s’ingénièrent à nuire au Renard et à l’Écureuil. Mais les fils de Patte-d’Ours veillaient, et l’on ne pouvait jamais les prendre en défaut ; ils se défendaient trop bien.

Afin d’être en mesure de juger de l’intelligence et de la bonne volonté des deux frères, Pierre et Joseph, allant à la chasse, se faisaient toujours accompagner par eux. Ils se convainquirent, en peu de temps, qu’ils avaient fait une bonne affaire, et que le Renard et l’Écureuil leur étaient tout dévoués.

L’hiver approchait.

— Si nous attendons trop longtemps, déclara un jour M. de Noyelles à son ami, pour aller chercher notre or, la terre sera couverte de neige, et il nous sera peut être impossible de reconnaître, l’endroit où nous devrons travailler.

— Tu as raison, répondit Joseph. Si l’hiver nous surprend avant que nous ayons rien fait, nous serons forcés de rester inactifs jusqu’au printemps ; car, comme tu le dis, la neige rendrait notre tâche plus difficile.

— Eh bien, pourquoi ne partons-nous pas demain ?

— Demain ? dit Joseph. C’est bien, demain au point du jour. Je vais avertir mon sergent que je pars en exploration pour une dizaine de jours, et lui donner les instructions à suivre pendant notre absence.

— Nous amenons nos deux Yhatchéilinis ?