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l’avocat. Ah ! vraiment !

baptiste. Je m’su dit comme ça : « Baptiste, si tu trouves un avocat ben gentil, qui t’gagne ton procès eh ben ! tu lui en f’ra cadeau, à c’t’homme ! »

l’avocat. Excellente pensée ! mais avant de gagner un procès, il convient de l’étudier longuement, puis, il faut plaider, attendre que le jugement soit rendu, enfin, mille formalités légales, pendant lesquelles, votre beurre pourrait rancir, ce qui serait bien dommage.

baptiste. N’vous inquiétez pas : on l’f’ra saler, s’i’l’faut !

l’avocat. Le beurre salé ne vaut rien. Le plus sûr serait de me le donner tout de suite.

baptiste. Comme vous y allez !… Faut savoir d’abord si vous serez mon avocat ?

l’avocat. Enfin, le beurre est bon ?

baptiste. J’cré ben !

l’avocat. Alors, la cause doit l’être aussi !

baptiste. Vous êtes un homme de confiance. J’vas vous conter mon histoire !

l’avocat. Parlez, je vous écoute. Il s’agit d’une clôture mitoyenne ?…

baptiste. I’n’y a pas d’clôture dans l’affaire.

l’avocat. Alors, d’un héritage ?

baptiste. Faites escuse ; mon défunt père qu’est mort, ne m’a laissé en mourant qu’un marmite et un couteau. Nous n’avons donc pas eu besoin d’notaire.

l’avocat. Vous êtes marié ?

baptiste. Mais oui, mon m’sieu ! À Marianne Latulippe.

l’avocat. Vous venez me voir alors, parce que vous avez peut-être du trouble avec les parents de votre femme ?

baptiste. Vous n’y êtes pas encore. Mais c’est Marianne qui m’a dit comme ça, parc’quelle a ben d’l’esprit,