l’avocat, (furieux). Que vous êtes le plus grand extravagant que j’ai vu de ma vie !
baptiste, (furieux). Entendez-vous, l’polisson !
l’avocat. Depuis une heure vous me débitez des sornettes.
baptiste. Qu’est-ce que c’est qu’ça des sornettes ?
l’avocat. Des choses qui ne signifient rien.
baptiste, (résolument.) C’est comme ça ? j’m’en vas !
l’avocat. Auparavant, payez-moi ma consultation. C’est une piastre.
baptiste, (vivement.) Allons donc ! des choses qui n’signifient rien, vous l’avez dit vous-même, ça n’vaut pas un’ piastre.
l’avocat. Mais mon temps, malheureux !
baptiste. Pis l’mien ? Vous voyez ben qu’nous sommes quittes !
l’avocat, (prenant le panier.) Au moins, laissez-moi pour honoraires, le beurre et les œufs.
baptiste. Voyez-vous l’saffre ! Voulez-vous t’y lâcher mon panier ?
l’avocat, (retenant le panier.) Mais, non.
baptiste, (tirant sur le panier.) J’vous dis d’le lâcher !
l’avocat. Ne tirez pas si fort, vous allez casser les œufs !
baptiste. Rendez-moi mon panier, vilain chicaneur !
l’avocat. Gardez le maintenant : l’omelette est faite pour de bon, cette fois.
baptiste, (d’un ton désolé). Mes œufs cassés ! mon beurre perdu ! C’est encore un effet du mauvais sort qu’m’a j’té Lalonde. Tiens ! c’est pas ni ci, ni ça : j’m’en vas l’trouver, et si y r’tire pas son sort, j’y bougre la volée, ou ben y m’fiche un’ claque. (Il sort furieux.)