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Thibault.

Même qu’ça va ben qu’trop vite !… Ça nous fait gros d’tort à nous aut’… les chars ça passe comme un’flèche… pftt !… et les voyageurs ne s’arrêtent plus aux aubarges !…

Charlot.

D’puis environ un quinzaine il nous est v’nu qu’deux étrangers.

Thibault.

Oui, et si ça continue, y va ben falloir fermer boutique !… C’est désolant !… J’viens d’lire dans la gazette que Pite Gagnon, d’Saint-Jean de Matha, a été obligé d’abandonner l’commerce…

Charlot.

Vous m’dites pas ça, not’père !

Thibault.

Eh ! oui !… Y a pu rien à faire, par ici, dans not’ ligne… faudrait tenter fortune ailleurs… Pis dire qu’y a tieuques années ça allait si ben, la barre désemplisait pas d’là journée… Que tout est donc changé aujourd’hui ! (il se lève.)

Charlot (en balayant, arrive à la porte de droite).

Oh !… oh !… Père, y faut qu’y soit arrivé quéque chose… le railroad qu’est arrêté dans la neige su’la traque, près du village…

Thibault.

C’est y vrai ?