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rine, il avait la confiance et la protection du ministre. M. Hocquart était son subalterne et prenait ses ordres de lui.

En 1748, François Bigot remplaçait M. Hocquart comme intendant. C’est alors que commencèrent les concussions et les vols. Laporte de Lalanne et Bigot se connaissaient-ils ? Il est certain que dans son voyage en France en 1756 Bigot eut plusieurs entrevues avec Laporte de Lalanne. En tout cas, l’intendant avait la haute main sur tout dans le pays. Le gouverneur de Vaudreuil était l’honnêteté même mais il n’avait pas la force morale nécessaire pour mâter l’intendant Bigot. M. de Vaudreuil, qui avait continuellement vécu au Canada ou en Louisiane n’avait pas d’amis ni de protecteurs à la cour. Bigot, lui, avait en France des parents très influents et dans le département de la marine un protecteur intéressé dans la personne du sieur Laporte de Lanne, le bras droit du ministre.

M. Dussieux, dans son important ouvrage Le Canada sous la domination française explique l’impunité dont jouissait l’intendant Bigot. Il écrit :

« Une pièce, conservée aux Archives de la marine, datée de décembre 1758, et non signée, entre dans le vif de l’affaire. C’est une accusation en règle, qui fait connaître en détail au ministre de la marine les causes des dépenses énormes du Canada. Il y est dit que toute la finance est entre les mains de Bigot, qui agit sans juge, sans contrôle, sans surveillant, et dans le seul but de s’enrichir, et pour