Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beau jeu puisque M. de Lignery n’était plus de ce monde pour se justifier.

Comme la plupart des commandants des forts, M. de Lignery avait une famille nombreuse qu’il ne pouvait faire subsister avec sa solde mesquine. Il se laissa tenter et commerça avec les effets du Roi. Un des officiers qui servit sous ce brave soldat, M. Duverger de Saint-Blin, lui a rendu le témoignage suivant :

« Je ne crois pas pouvoir me dispenser de rendre hommage, en passant, à la valeur, à la capacité et à la probité de cet officier qu’une vie sans tache et une mort glorieuse n’ont pas mis à couvert des noirceurs de la calomnie, quoiqu’il n’y ait pas un homme de bien dans toute la colonie qui osât refuser les plus honorables témoignages à la mémoire de ce brave et respectable guerrier, mais je me réserve à le venger, à la fin de ce mémoire, des imputations qu’on lui a faites trop légèrement. »[1]

Les avocats de Bigot, pour amoindrir la condamnation qui attendait leur client, ont pris plaisir à nommer tous les officiers des troupes qui volaient le Roi et ils s’arrêtèrent particulièrement sur le cas de M. Le Marchand de Lignery.

Celui-ci avait été commandant du fort Machault de 1758 à 1759 et c’est là qu’il aurait commis ses principaux abus.

  1. Mémoire, p. 4.