Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce pays il fut pendant quelques années secrétaire du triste officier Vergor. De retour à Québec, M. de Courville fut encore employé dans les bureaux de l’Intendance. Enfin, sous le régime anglais, l’ancien commis à l’Intendance obtint une nouvelle commission de notaire et vécut à Montréal puis à l’Assomption, M. Fauteux place sa mort aux environ de 1783.

Il semble que toute sa vie, M. de Courville vécut dans la pauvreté et, disons-le, dans la jalousie parce qu’il voyait les autres améliorer leur situation.

Le sieur de C, pendant son séjour à Québec, a dû passer à peu près tous les jours devant la maison Philibert, rue Buade, qui portait sur sa façade, l’énigmatique inscription du Chien d’or : Je mordrai qui m’aura mordu. Est-ce cette inscription qui lui a suggéré de mordre, lui aussi ? Seulement, le Chien d’or ne mordait qui l’avait mordu, tandis que le sieur de C a mordu à peu près tous ceux qu’il a rencontrés sur son chemin. Ce pamphlétaire était de la race des chiens enragés qui se jettent sur les passants inoffensifs qui ont le malheur d’être sur la chaussée, lors de leurs crises.

Le sieur de C. avait du talent, beaucoup de talent. Génie incompris, il restait dans l’ombre tandis que d’autres moins doués que lui se voyaient attribuer de beaux postes. Dans sa chambre solitaire, le soir, une fois son travail de la journée terminé, il prenait sa plume et traçait ces portraits,