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certaine organisation de la propriété, du latifundium, sur les faits de la vie privée. Si le latifundium est favorisé par la nature du sol très propre au pâturage, il est aussi à son tour très favorable au maintien de l’art pastoral, mode de travail qui exige le minimum de transformation du sol et le minimum de capitaux fonciers, dont l’outillage est très rudimentaire, dont les opérations simples, peu pénibles, ne demandent qu’une capacité et une prévoyance limitées et peuvent être exécutées par un personnel peu nombreux ; en définitive, travail de simple récolte qui a pour corollaire une occupation du sol assez faible, quoique le droit légal de propriété soit absolu et que l’absence de population stable permette au propriétaire de le maintenir tel sans contestation.

L’étendue des latifundia ne permet pas aux propriétaires de conserver la direction effective de l’atelier agricole ; d’autres causes d’ailleurs les en détournent ; aussi le fermage est-il la règle, mais il faut remarquer qu’il est très favorisé par le mode de travail qui exige peu ou pas de capitaux incorporés au sol.

Le latifundium à culture extensive, en s’opposant à l’établissement d’une population stable dans l’Agro romano, tend à avilir les salaires : 1° parce qu’il met en concurrence des ouvriers venus d’un grand nombre de régions pauvres où font défaut les moyens d’existence ; 2° parce qu’il oblige le fermier à recourir à des entrepreneurs de main-d’œuvre qui prélèvent une part très large sur les salaires ; 3° parce qu’il oblige les ouvriers à accepter en fait un salaire en nature