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appartiennent au fattore qui les a mis là pour les faire fumer ; elle espère qu’il lui en laissera un. Cette femme est en habits de dimanche très propres avec un collier de corail au cou ; elle vit dans cette cabane avec son mari et ses enfants pendant dix mois de l’année et ne semble pas aigrie contre le sort. « Nous travaillons et nous mangeons, » me dit-elle en riant. En face de la porte un minuscule jardin est défendu par des fagots d’épines contre les poules qui errent à l’entour. Au bas de la pente se trouvent la fontaine et l’abreuvoir. À cent mètres de ce village de huttes, on voit une maison vaste dont les murs sont en bon état, qui pourrait loger une quinzaine de familles si on n’en avait pas enlevé le toit pour employer la charpente et les tuiles à couvrir un fenil.

Du côté d’Ostie on trouve, paraît-il, d’immenses cabanes où vivent en commun plusieurs familles et où s’abritent jusqu’à 150 personnes ; on y voit plusieurs rangs de couchettes et, au milieu, une longue file de foyers. J’ai vu ailleurs une sorte de grange où étaient installées cinq ou six familles séparées par des cloisons de roseaux et de paille, mais, comme il n’y avait qu’une porte, il existait forcément des servitudes de passage et l’unique fenêtre dépourvue de carreaux laissait pénétrer librement le vent et la pluie. En certains endroits les émigrants s’installent dans les ruines ou dans les grottes creusées dans le tuf pour l’extraction de la pouzzolane. Partout c’est l’entassement et la promiscuité. En été, les moissonneurs dorment en plein champ, à peine abrités par une couverture tendue sur des piquets.