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la Campagne romaine est plus que médiocre, souvent insuffisante, toujours très chère et parfois malsaine : la faim pousse souvent le paysan à manger les animaux morts de maladie.

L’habitation laisse à désirer autant que la nourriture. En 1881, on comptait dans l’Agro romano 556 maisons ; en 1900, ce nombre avait plutôt diminué, tandis que la population fixe et temporaire avait certainement augmenté. Lorsqu’on parcourt la Campagne romaine, on rencontre des villages de huttes construites en paille, en roseaux et en herbes sèches. C’est là qu’habitent les émigrants depuis octobre jusqu’en juillet. S’ils reviennent l’année suivante sur le même domaine, ils retrouvent leur cabane, sinon ils la démolissent pour aller la reconstruire ailleurs, car chaque famille est propriétaire de sa cabane, souvent même elle paie un loyer pour le sol occupé par elle et le jardinet attenant.

Le village de Lunghezza est bien réduit cette année, car la culture des céréales ayant cessé à cause du prochain départ du fermier, sur quarante familles il n’en est resté que neuf employées à des travaux spéciaux : fossés, clôtures, etc… Par une porte basse nous entrons dans une des cabanes qui mesure 4 mètres de long sur 3 de large ; au milieu, quelques pierres marquent l’emplacement du foyer, dont la fumée s’échappe par les interstices des roseaux ; au fond se trouvent deux lits montés sur des planches, et deux bancs complètent l’ameublement. Au toit sont suspendus des jambons ; je félicite la mère de famille sur cette abondance, mais elle m’explique que ces jambons