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observé les moyens qu’ils emploient pour se passer de leur concours. Voici le résultat, de cette enquête.

Les Romains, ceux mêmes qui déplorent le plus les abus du caporalat, ne croient pas qu’on puisse supprimer cette institution. Les « mercanti di campagna » tiennent les caporaux pour indispensables et, à leur point de vue personnel, ils ont parfaitement raison : il est bien plus commode de s’adresser à un caporal et de lui commander pour telle date, tant d’hommes à tel prix, pour tant de temps, que de traiter individuellement avec cinquante, cent, trois cents ouvriers, qu’il faudrait aller enrôler chez eux, payer un à un, surveiller de très près, etc… Il est clair qu’un grand fermier a autre chose à faire, mais on peut parfaitement concevoir une coopérative ou un syndicat d’ouvriers agricoles, faisant avec un patron un contrat collectif de travail au lieu et place du caporal. Ces syndicats seraient d’autant plus faciles à organiser que les émigrants viennent presque toujours groupés par village d’origine. Ces syndicats de village pourraient se fédérer et se prêter mutuellement des ouvriers quand l’un d’eux aurait à en fournir un nombre dépassant celui de ses membres. Certaines personnes ont déjà songé à fonder des coopératives de ce genre ; mais la grosse difficulté à surmonter vient de l’inaptitude des émigrants à s’associer et surtout à s’organiser[1]. Nous savons que le communau-

  1. Un prêtre belge, professeur dans un séminaire romain, avait voulu syndiquer les ouvrières d’un village qui, travaillant à do-