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ne diminue le salaire déjà faible que reçoivent les ouvriers de l’Agro romano[1] ; il fait en outre souvent des bénéfices scandaleux sur la nourriture qu’il leur fournit ou qu’il leur vend. En somme, le caporal vit et prospère aux dépens de l’émigrant qui est, vis-à-vis de lui, dans une dépendance voisine de l’esclavage. Aussi beaucoup de gens souhaitent-ils la disparition des caporaux. Mais si ces derniers existent, c’est qu’ils rendent certains services ; la question est donc de savoir si on peut se passer de ces services ou si ces services peuvent être rendus par d’autres organismes moins parasitaires et moins nuisibles.

Pour répondre à cette question, nous avons recherché s’il y avait, dans la Campagne romaine, des agriculteurs qui ne fissent pas appel aux caporaux. Nous en avons trouvé. Nous avons alors

  1. D’après la publication précitée de l’Office du travail sur les migrations internes, les salaires seraient (1905) :
    Ouvriers adventices

    Ouvriers fixes

    Femmes

    Janvier. . . 1.50 1,83 »
    Février. . . 2 » 1,83 1;20
    Mars. . . 2,20 1,90 1,15
    Avril. . . 2,25 2 » 1,25
    Mai. . . 2,60 2,35 1,25 — 1,35
    Juin. . . 3 » 2,40 1,75
    Juillet. . . 4 » 2,50 2,50
    Septembre. . . 1,50 — 2,50 2 » 1,50
    Octobre. . . 1,20 — 1,75 1,90 1,10 — 1,25
    Novembre. . . 1,20 — 1,75 1,90 1,10
    Décembre. . . Id. Id. Id.

    La statistique n’indique pas ce qu’elle entend exactement par ouvriers fixes et ouvriers adventices. Ces salaires sont plus élevés que ceux des pays d’émigration, mais j’ai lieu de croire que les salaires réellement touchés par les ouvriers sont souvent inférieurs aux chiffres cités plus haut.