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La mise en culture des terrains communaux a été une solution partielle et provisoire de la question agraire à Monte San Giovanni, mais la population, qui a continué à s’accroître, ne trouve plus sur le territoire de la commune des moyens d’existence suffisants ; il n’y a, en effet, que 7 000 hectares pour 8 000 habitants. C’est à l’émigration que les paysans de Monte San Giovanni ont recours pour s’assurer des ressources : il existe une centaine de familles de prolétaires qui n’ont pour tout bien que leurs bras, et parmi les familles de colons, beaucoup sont à l’étroit et dans la gêne et doivent envoyer quelques-uns de leurs membres chercher du travail au dehors. Jusqu’à ce jour ils en trouvaient dans l’Agro romano et dans les Marais Pontins ; c’est vers l’Amérique qu’ils se dirigent aujourd’hui. Nous savons, en effet, que dans la Campagne romaine le pâturage s’étend de plus en plus au dépens des cultures ; il en résulte que, la demande de main-d’œuvre diminuant progressivement chaque année, les salaires s’y maintiennent à un niveau assez bas et les montagnards y trouvent plus difficilement du travail. Ils ont dû en chercher plus loin et vont en Amérique depuis une dizaine d’années. Cette émigration s’est ralentie en 1907 par suite de la crise qui a sévi aux États-Unis, mais elle a repris de nouveau. Cette année, il y a 400 départs, ce qui portera à un millier le nombre des indigènes de Monte San Giovanni actuellement en Amérique où ils travaillent surtout à la construction des chemins de fer. Ils s’attirent mutuellement entre parents et amis, mais très