Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion y apporte une solution, et quelles répercussions elle a sur les conditions locales. Un tel travail nous entraînerait trop loin ; d’ailleurs nous n’avions pas la possibilité matérielle d’étendre nos observations depuis Rimini jusqu’à Caserte ; il fallait nous limiter et nous nous sommes borné à faire porter notre enquête sur une des régions montagneuses qui, avoisinant la Campagne romaine, ont avec elle des rapports incessants et étroits.

À Cervara et à Jenne, outre les pasteurs, nous avons déjà trouvé des émigrants qui prennent part aux travaux de culture, soit dans l’Agro pour les moissons, soit dans le Castelli pour les vignes. À Canterano nous allons trouver des émigrants d’hiver. Ce village se dresse sur une hauteur à quelques kilomètres à l’Ouest de Subiaco. On y accède par une route carrossable, construite aux frais de treize communes réunies en syndicat. Cependant les voitures ne peuvent pas entrer dans le village dont les ruelles sont trop étroites et trop montueuses. C’est ici le même chaos de maisons qu’à Cervara. Sur une place de quelques mètres de large nous trouvons à côté de l’église la maison de l’instituteur à qui nous sommes adressé. C’est un indigène du pays qui compte un cardinal dans sa famille ; il a un frère professeur à Rome, un autre médecin dans le voisinage, un troisième est maire de Canterano. C’est un notable : son habitation est vaste, il possède des terres et un moulin à olives, il fait aussi le commerce des noix. C’est dans sa propre maison qu’il a installé la salle d’école où il instruit une quaran-