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turages. La nourriture se compose de pain de froment remplacé parfois par la polenta dé maïs, de viande de porc, de légumes, de haricots, d’huile, etc.. On boit habituellement du petit vin. Nous verrons plus loin comment se nourrissent les ouvriers de l’Agro romano.

Dans cet intéressant pays de Subiaco il n’y a pas deux villages qui se ressemblent. Tous envoient des émigrants dans la Campagne romaine, mais chacun a sa spécialité : Saracinesco dont le nom révèle l’origine sarrasine, fournit de modèles les ateliers de Rome ; Camerata Nuova peuple de ses chasseurs les forêts du littoral ; Canterano, où nous irons tout à l’heure, envoie des journaliers, et Rocca Canterano des familles de colons, sur les fermes de l’Agro romano. Il n’est pas jusqu’aux villages de pasteurs qui n’aient chacun leur physionomie propre : ainsi Jenne diffère nettement de Cervara.

Au sortir de Subiaco nous passons au pied de la falaise où sont incrustés les trois couvents de Sainte-Scolaslique et nous suivons, au fond de la gorge sauvage où mugit l’Anio torrentueux, un sentier de mulet qui conduit à Filettino, autre village de pasteurs situé à l’extrémité de la vallée. Mais nous n’irons pas jusque-là et, au bout de deux heures de marche, après avoir croisé de nombreux groupes de paysans qui se rendent à Subiaco pour la fête de saint Benoit, nous arrivons à un sentier en lacets qui, sur la gauche, escalade la montagne. Encore une heure d’ascension sous un soleil de mars déjà ardent et nous arrivons sur la grande place de Jenne où s’élève