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cupent leurs soirées à réciter le chapelet en commun, et ils demandent au franciscain qui vient dire la messe à Lunghezza d’en avancer l’heure pour leur permettre d’y assister tous avant de conduire les brebis au pâturage.

La traite a lieu le matin à quatre heures et le soir à cinq heures ; l’opération demande deux heures chaque fois. Les bergers sont assis sous un petit toit, où il y a dix-huit places, avec leur seau entre les jambes ; les brebis sont réunies derrière eux. Par un dispositif ingénieux, la brebis qui va être traite entre dans un passage étroit où elle est arrêtée par les épaules au moyen d’une sorte de fourche de bois que l’homme lui passe sur le cou : elle est alors bien placée, l’arrière-train face au berger qui n’a qu’à prendre les trayons : lorsqu’elle a donné son lait, on enlève le collier de bois, elle part et est aussitôt remplacée par une autre. La traite se fait ainsi très rapidement. On passe ensuite à la fabrication du fromage, qui prend environ trois heures, matin et soir.

Les brebis arrivent dans l'Agro romano, en octobre, lorsque les premières pluies ont fait reverdir Therbe ; elles y restent jusqu’à la fin de juin. C’est alors qu’on prépare le départ : pour être sûrs de ne rien oublier , les bergers ont coutume d’aller camper pendant deux ou trois nuits à quelques centaines de mètres de leur cabane avant de se mettre en route. La longueur du voyage est très variable ; les bergers de Lunghezza se rendent dans les pâturages de Cappadocia, entre Subiaco et Avezzano, à trois jours de marche, mais d’autres qui vont dans l’Apennin des Marches ou de