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pour gagner leur vie. Mais la crise est devenue plus aiguë, le malaise plus grand et les protestations se sont fait entendre plus vives et plus amères du jour où la transformation est devenue possible et ne s’est pas faite. Pourquoi ne s’est-elle pas faite encore ? Quels sont les maux contre lesquels on proteste ? C’est ce que l’étude des domaines de l’Agro romano va nous apprendre.

Le « mercante du campagna » . — Nous avons indiqué comment le pâturage et la malaria étaient les véritables causes de l’existence du latifundium. En fait, les 200 000 hectares de la Campagne de Rome appartiennent à quatre cents propriétaires ; mais parmi ceux-ci il en est un certain nombre dont les domaines s’étendent sur plusieurs milliers d’hectares.

D’après Sombart[1] huit latifundistes se partagent à eux seuls la moitié du pays, soit plus de 100 000 hectares. « De ces huit propriétaires, quatre possèdent plus de 10 000 hectares chacun et occupent une superficie de 72 000 hectares. Il y a en outre treize propriétés de 2 000 à 5 000 hectares qui couvrent une superficie de 40 416 hectares. » Ainsi donc vingt et un propriétaires se partagent les trois quarts de l’Agro romano. A cet égard la situation n’a pas changé depuis le milieu du XVIIe siècle, ainsi qu’en fait foi le plus ancien cadastre qui ait été dressé pour la Campagne romaine, en 1660. Cette stabilité s’explique

  1. Op. cit., p. 69.