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priété privée rendue nécessaire par le travail intensif qui s’impose pour l’avenir. Des conflits surgissent entre propriétaires et paysans parce que les uns et les autres ne suivent pas l’évolution sociale du même pas et ne s’y adaptent qu’imparfaitement. Les premiers subissent plus aisément et plus rapidement les influences étrangères et tendent à adopter l’organisation privée de la propriété mais dans ses apparences plutôt que dans ses réalités. Ils oublient que la propriété privée est conditionnée par l’exploitation intensive du sol, qui seule en justifie l’appropriation exclusive. Ils se réclament d’un droit, mais sans assumer complètement les devoirs qui en sont corrélatifs. Ils trouvent d’ailleurs un obstacle à la culture intensive dans l’attitude des paysans qui, plus fermés aux influences du dehors, plus traditionnels et peut-être plus routiniers, entendent maintenir les anciennes méthodes de travail et, par réaction contre les prétentions des propriétaires, tendent à accentuer la forme de propriété collective. Ils s’y cramponnent désespérément parce que, de même que les latifundistes se montrent incapables de prendre énergiquement et efficacement l’initiative et la direction des transformations agricoles, ils sont, eux, incapables d’abandonner leurs vieilles habitudes et de se plier à un mode de travail intense et progressiste. Cette inaptitude à l’adaptation est la conséquence de la formation communautaire qui étouffe les énergies individuelles et incline à la médiocrité insouciante ; elle a pour résultat un malaise qui se manifeste par des troubles et des désordres.